Chacun peut lire l'intégralité de la déclaration de politique générale du premier ministre et apprécier les interruptions faites par certains députés de gauche, notamment communistes. Cela est désespérant du débat politique en France. Mais majorité présidentielle et législative aidant, espérons que cela change. Toutes les interventions de l'opposition n'ont pas cette tonalité invective, heureusement cf. Jean Marc Ayrault et même François Hollande, ce que les médias n'ont pas repercutés!
Je retiens pour ma part, la conclusion exprimée par le premier ministre à la fin du débat, donc totalement improvisée.
"Ayant écouté avec une égale attention les représentants de tous les groupes politiques, je souhaite vous faire partager trois convictions. En premier lieu, le Parlement doit demeurer le lieu privilégié du débat, car plus le Parlement sera responsabilisé, plus les Français se sentiront respectés.
Ensuite, j’insiste sur le caractère périmé de certains antagonismes. Je ne prétends pas que droite et gauche s’équivalent, ce qui serait une conception erronée de la politique, mais tant de changements ont eu lieu ! Les idéologies sont tombées en même temps que le Mur de Berlin, événement qui a confirmé la pertinence de l’économie de marché, et les électeurs sont de moins en moins prisonniers d’attaches partisanes. Nous devons donc trouver des compromis. Permettez-moi, à ce sujet, d’évoquer un souvenir. Lors de la préparation de la réforme des retraites, j’ai fait un tour d’Europe au cours duquel tous les syndicalistes avec lesquels je me suis entretenu ont souligné la méthode consensuelle qui avait présidé à la réforme dans leur pays respectif. La France, qui a attendu quinze ans pour réformer son système de retraites, serait-elle donc seule incapable de dégager des compromis ? Devra-t-il en être de même pour la réforme des universités ? Sommes-nous donc condamnés à ne pas savoir travailler ensemble à l’adaptation de notre pacte social, de notre système de santé, à la prise en compte des conséquences du vieillissement de la population ? Il ne s’agit pour personne de se déjuger, ni de prétendre que nous serions d’accord sur tout, mais d’œuvrer dans l’intérêt général.
Enfin, si nous avons décidé l’ouverture, si nous proposons une modernisation des institutions et une refonte de la démocratie sociale, c’est pour avoir fait le pari que les esprits sont mûrs pour agir d’une façon nouvelle. Serons-nous tous à la hauteur de cette belle ambition ? Tout dépendra de notre capacité à nous écouter sans nous invectiver, à débattre sans nous combattre.
J’ai entendu le soutien des groupes qui composent ma famille politique, cette majorité unie mais dont je respecte les diverses sensibilités, qui coexistent au sein de mon Gouvernement et qui en font la richesse. L’opposition a des droits, qui seront respectés, mais la majorité a un devoir : celui d’être fidèle aux engagements pris (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur les bancs du Nouveau centre).
M. Copé et M. Sauvadet ont défendu nos objectifs. L’opposition s’est concentrée sur la rénovation de nos institutions ; c’est son droit, mais le « tout ou rien » est souvent prétexte à ne rien faire. La critique du présidentialisme est, depuis 1958, un refrain connu, mais dois-je rappeler qu’après avoir violemment critiqué la Constitution, François Mitterrand s’en est fort bien accommodé pendant ses deux mandats ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP) J’observe que la France est prête pour une réforme, et je ne partage pas les critiques sur la méthode que nous avons choisie, car je considère que le Gouvernement doit consulter. Il n’empêche que par son vote, le Parlement garde le pouvoir de décider. Je regrette que, contrairement à M. Sauvadet, les orateurs de l’opposition n’aient pas souligné le progrès décisif que représente l’élection d’un des siens à la présidence de la commission des finances. Quant à mes relations avec le Président de la République, elles sont excellentes.
L’opposition a contesté notre stratégie économique. Puis-je la prier d’attendre qu’elle ait commencé de produire ses effets ? Il y a si longtemps que l’on fait la même chose ! Ne négligeons pas ce qui se fait dans la plupart des pays européens, y compris là où les socialistes sont au pouvoir, et constatons qu’ils misent sur la compétitivité, sur l’assouplissement du marché du travail - même dans les pays scandinaves, de tradition socialiste -, sur la réduction des impôts et sur la maîtrise de la dépense publique. Si l’Europe entière travaille sur des pistes comparables, c’est que tous les pays qui la composent doivent tenir bon dans la mondialisation, être compétitifs et productifs pour assurer le maintien de leur dispositif de redistribution sociale.
Notre objectif est de mettre la force de l’économie au service de l’homme et de la solidarité, car la France n’est pas le pays de l’individualisme à tous crins : ce n’est ni notre tradition ni notre intérêt. Ce qui toutefois nous sépare de la gauche, c’est qu’à nos yeux, pour partager les richesses, il faut d’abord les produire, et donc motiver, attirer et récompenser (Protestations sur bancs du groupe socialiste, radical et citoyen), au lieu d’augmenter les impôts, de contraindre à l’exil les capitaux et d’imposer les 35 heures (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).
Nous partageons un même diagnostic : la France a du mal à se débarrasser du chômage de masse ; elle souffre parfois de fins de mois difficiles ; elle est trop endettée, voire mal administrée, comme l’avait dit Ségolène Royal. Pourquoi proposez-vous donc des solutions qui ont déjà échoué, faute de s’attaquer aux racines du mal ? À l’inverse, notre stratégie a le mérite de rompre avec le passé. C’est pourquoi les Français ont choisi de voter pour Nicolas Sarkozy et la majorité présidentielle (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).
Le temps de l’action a commencé, ainsi que celui de la délibération parlementaire. Cet échange en annonce beaucoup d’autres. Nos concitoyens nous font confiance : nous devons être ensemble à la hauteur de la République que nous servons et que nous aimons (Même mouvement)."
Le débat est donc entre "essayer une politique nouvelle pour remédier aux dysfonctionnements de notre société, cad. un secteur public hypertrophié source d'inefficacité et d'inefficience, de chômage structurel, de déficit structurel, de dette croissante et d'affaiblissement de la part de la France dans le monde, bref un secteur public qui plombe la France malgré des succès indéniables et alors que la société civile réussit" et "continuer les politiques passées de gauche comme de droite qui ont conduit à cette situation". C'est du moins l'opinion de la majorité de français qui se sont exprimés à l'occasion des élections présidentielle et législatives. Et voilà aussi que l'opposition se saisit de la dérive présumée des institutions vers un régime présidentiel pour mieux occuper le terrain.
Pour se remonter le moral, voir ici le script du Chat avec le 1er ministre: Par ce chat, François Fillon a souhaité lancer le dialogue avec les citoyens sur internet. Plus de 150 000 internautes ont assisté au chat vidéo et plus de 8 300 questions ont été posées au Premier ministre.
Mis en ligne le 05/07/2007 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://pierreratcliffe.blogspot.com et http://paysdefayence.blogspot.com